Éditer les Cahiers de l'île du Diable
du capitaine Dreyfus en 2009

 
Porté par une sorte de foi laïque en une justice qui, rendue pour lui-même, serait dès lors garantie pour tous les hommes, Alfred Dreyfus résiste et le combat qu'il mène pendant 1500 jours au bagne de Guyane – et pendant douze années au total – a, aujourd'hui encore, valeur de témoignage et de caution.
C'est, ainsi, la valeur édifiante d’un être qui n’a jamais plié que cette édition a l’ambition de saluer.

« Aujourd’hui moins que jamais, écrit Alfred Dreyfus dans Cinq années de ma vie, commentant sa mise aux fers, en septembre 1896, tu n’as le droit de déserter ton poste, moins que jamais tu n’as le droit d’abréger, fût-ce d’un seul jour, ta vie triste et misérable. Quels que soient les supplices qu’on t’inflige, il faut que tu marches, jusqu’à ce qu’on te jette dans la tombe, il faut que tu restes, debout devant tes bourreaux, tant que tu auras ombre de forces, épave vivante à maintenir sous leurs yeux, par l’intangible souveraineté de l’âme. Dès lors, poursuit-il, je pris la résolution de lutter plus énergiquement que jamais. »

Figure de stoïcisme et d’inflexibilité, Alfred Dreyfus incarne des valeurs qui ne cessent d’interroger notre XXIe siècle naissant : laïcité, résistance, inaliénabilité du droit, fonction des humanités. Cette publication en ligne veut rendre compte, à sa mesure, du pouvoir politique de la culture, garante de la part indestructible de chaque homme et de l’entité du groupe et souhaite contribuer à nourrir une réflexion sur l’antisémitisme et les haines, mais encore sur les enjeux et les possibles outils de leur refus.